]A l’automne 2009, alors que je cherche un Jouet 24 depuis un moment, mon attention se porte sur une petite annonce du Net. Un JouĂ«t dont j’ai dĂ©jĂ  entendu parler est en vente Ă  Cherbourg. Ce bateau a fini 4ième au Tour des ports de la Manche derrière le très rapide Overdrive appartenant Ă  mon ami Bruno. Rendez vous Ă©tant pris Ă  Cherbourg, je m’y rends pour une visite dĂ©taillĂ©e du bateau. Celui ci m’apparaĂ®t « dans son jus ». Après une visite complète il y a plusieurs points Ă  retenir. La structure est saine, l’intĂ©rieur est sec malgrĂ© le climat cherbourgeois et les voiles humides entassĂ©es Ă  bord. Le bateau ne comporte pas de contremoulage, ainsi j’ai accès Ă  tous les fonds du bateau. Le propriĂ©taire rĂ©cupère la majoritĂ© de l’électronique et laisse Ă  bord un loch-speedo Advansea neuf plus un pilote ST 1000. A l’extĂ©rieur tout l’accastillage fonctionne. Le grĂ©ement (Ă©quipĂ© de bastaques) est en bon Ă©tat. Les winchs sont rĂ©cents et deux superbes ST 16 Harken ornent le cockpit. Le moteur hors bord (6cv/4 Tps Tohatsu de l'annĂ©e dernière) n'a que peu servi). Un traitement anti osmose prĂ©ventif a Ă©tĂ© effectuĂ© et la peinture sous marine a Ă©tĂ© passĂ©e il y a deux mois. Le jeu de voiles de rĂ©gates est très propre mais il faut quand mĂŞme penser Ă  changer la grand voile et le jeu de voiles d’avant pour la croisière a vĂ©cu mais il peut encore servir. La fin de la journĂ©e me laisse dubitatif. Je connais bien les bateaux ayant travaillĂ© dans le milieu de la plaisance pendant quelques annĂ©es et j’ai naviguĂ© et assurĂ© l’entretien sur pas mal de voiliers de toutes tailles. L’expĂ©rience prouve que l’on ne fait jamais tout Ă  fait le tour d’un voilier et que l’on ne connaĂ®t qu’une partie de son vĂ©cu (surtout s’il a trente ans). Donc je sens l’affaire globalement positive mais au prix d’un peu de travail de rĂ©fection. Ma dĂ©cision est presque prise. Il me reste Ă  prĂ©senter ma future acquisition Ă  ma moitiĂ©.

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Manque de chance, alors que j’avais mis tous les atouts de mon cĂ´tĂ© pour faire visiter le bateau Ă  ma femme (Muscadet, huitres, tourteaux et bulots Ă  bord, faut c’qui faut) il se met Ă  pleuvoir des cordes sur Port Chantereyne. Cela sent un peu le roussi. Mais paradoxalement, alors que nous ne nous entendons presque pas avec la pluie qui tambourine sur le pont, ma chĂ©rie sourit et me dit « Il est bien sec le bateau et il ne sent pas mauvais mais il va falloir installer des toilettes ». Donc lĂ , je pense que c’est un signe et je prĂ©pare mon beau chĂ©quier tout neuf. Après quelques transactions je rĂ©ussis Ă  rĂ©cupĂ©rer le ber dĂ©montable du bateau. A rĂ©ception de l’acte de francisation je deviens propriĂ©taire d’un JouĂ«t 24 au mois de Novembre 2010. Je dĂ©cide de le convoyer de Cherbourg Ă  Ouistreham au week- end du 11 Novembre. Avitaillement, prise de la mĂ©tĂ©o, prĂ©paration du bateau et appareillage vers 14 heures pour avoir le courant favorable dans le raz de Barfleur. Je sors de la rade par la passe Est (foc de route, un ris grand voile) et attaque le petit clapot dĂ» aux 20 nĹ“uds d’un nordet qui rafraichit bien l’atmosphère. Je vĂ©rifie encore une fois que (notamment en convoyage) le vent dominant en Manche c’est quand mĂŞme le vent de face. Je branche le pilote qui part directement en butĂ©e alors qu’il a très bien fonctionnĂ© dans le port. Après vĂ©rification des connexions pilote et batterie je m’aperçois que celle-ci bien que correctement chargĂ©e au ponton ne tient pas la charge. Je me mĂ©fiais bien du chargeur un peu rouillĂ© mais j’avais confiance dans la batterie apparemment en bon Ă©tat. Alors, rĂ©flexion rapide avant de s’engager dans le courant de Barfleur. Je ne peux pas rejoindre Ouistreham sans batterie (sans feux de route) dans une rĂ©gion frĂ©quentĂ©e par caboteurs, ferries et pĂŞcheurs en tous genres. Le seul port qu’il me soit possible d’atteindre avant la nuit c’est Saint Vast la Hougue, escale sympathique au demeurant, mais je n’ai vraiment pas envie de m’y trouver coincĂ©. Je choisis donc de retourner Ă  Cherbourg au portant, Je largue mon ris pour voir et je vois que ça pulse. Attention Ă  ne pas trop se faire embarquer avec l’angle de barre dans les descentes mais Ă  part ça c’est tout bon. Je rĂ©intègre le ponton visiteur bien dĂ©sert en cette saison. Un petit apĂ©ro et une petite bouffe sur le bateau. Dehors il pleut (tiens, tiens !) et ça se met Ă  souffler dans les haubans. Quelques paragraphes d’Hornblower et au dodo dans le duvet polaire d’hiver. Le bateau est sec. Si c’est pas le bonheur, c’est pas loin. Le lendemain matin frais et dispos je me rends au bureau de MĂ©tĂ©o France dans Cherbourg et au vu des prĂ©visions mensuelles je dĂ©cide de faire rapatrier « Corto Â» par la route. Certains dirons que je la joue petit bras mais, d’une part, les crĂ©neaux mĂ©tĂ©os ont peu de chance de correspondre Ă  mes pĂ©riodes de disponibilitĂ©s, d’autre part, au vu du prix de la place Ă  Cherbourg, en 3 semaines de ponton mon transport est payĂ©. Je n’hĂ©site pas. La semaine d’après un professionnel compĂ©tent amène le bateau Ă  Ouistreham par la route et le chantier le cale sur son ber. <Digimax S600 / Kenox S600 / Digimax Cyber 630>